Le vieillissement de la population impose de nouveaux défis sociétaux et sanitaires que les gouvernements se doivent de relever. Face à l’urgence, il est devenu nécessaire de sortir des cadres classiques afin d’imaginer de nouvelles solutions. C’est tout particulièrement le cas concernant la maladie d’Alzheimer. On compte aujourd’hui 1 300 000 personnes atteintes en France ; en 2040, elles seront plus de 2 millions. Le besoin d’une prise en charge adaptée a vu émerger de plus en plus de structures dédiées, aussi bien dans le cadre des accueils de jour que des unités spécialisées au sein des EHPAD. Mais il y a quelques années, l’ancien ministre et député Henri Emmanuelli (décédé en 2017) a souhaité voir beaucoup plus grand. Séduit par le premier village Alzheimer au monde situé aux Pays-Bas, il a souhaité reproduire le concept en France. Un rêve qui s’apprête à devenir réalité, puisque le tout premier village Alzheimer de l’Hexagone ouvrira ses portes dès le mois de mars.
Situé à Dax dans les Landes, il s’étend sur un parc de 5 hectares. Conçu pour accueillir jusqu’à 120 résidents, il est constitué de 16 maisons partagées, et comprend également une supérette, un restaurant, une brasserie, un salon de coiffure et beauté, un auditorium et une bibliothèque. Dans ce lieu, tout a été pensé pour que les résidents se sentent chez eux et mènent la vie la plus normale possible.
Les patients, qu’il conviendra d’appeler les villageois, seront libres d’aller à leur guise tout en étant encadrés par 120 personnels soignants sans blouses blanches. Ils pourront profiter d’activités variées tout au long de la journée et bénéficieront de thérapies alternatives. Enfin, le village se veut ouvert sur le monde extérieur : les familles en visite pourront loger dans des studios spécialement prévus à cet effet, et le restaurant sera un lieu public ouvert à tous. Pour ce qui est des tarifs d’hébergement, ils seront les mêmes qu’en EHPAD, à savoir entre 60 et 70 euros par jour.
La grande différence avec le village modèle de Hogeweyk est que le village Alzheimer landais accueillera un pôle de recherche scientifique, dont l’objectif sera de tirer les enseignements des protocoles thérapeutiques mis en place sur les lieux. Jean-François Dartigues, neurologue et épidémiologiste au CHU Pellegrin à Bordeaux, qui supervise le suivi scientifique de ce projet, se félicite de la création du village, qui allègera, selon lui, le quotidien et la souffrance liée au handicap.
Il explique en effet que la maladie n’est pas que biologique, mais qu’elle est également psychologique et sociologique. ‘’ Le cerveau étant un organe de relations, la qualité de la vie sociale, le maintien des liens, contribuent à ce que celui-ci fonctionne mieux’’, dit-il. Nul doute que si le village Alzheimer tient ses promesses, d’autres lieux du même type verront le jour en France et ailleurs.
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