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Christelle Solal, psychomotricienne, au coeur de l’aide en EHPAD [Interview]

Christelle Solal est psychomotricienne. Plus qu’un travail, c’est pour elle une vocation. Cet élan du coeur, elle le met au service des personnes âgées en perte d’autonomie au sein de la Résidence Seren DomusVi à Cannes. Booking Seniors lui donne la parole, dans l’idée d’en savoir plus sur ses actions et les messages qu’elle souhaiterait faire passer aujourd’hui. Interview.

BS: Quelle est la place de la psychomotricité en Ehpad aujourd’hui ?

CS: Nombreux sont les Ehpad qui maintenant proposent d’avoir dans leur équipe un ou une psychomotricenne. Désormais, il est important que l’objectif des Ehpad ne soit plus que de soigner les corps, les maux et les soulager … nous sommes un lieu de vie où il est primordial que les résidents se sentent bien, bien chez eux, bien entourés, bien écoutés, bien dans leur… corps. Pour être bien dans son corps, il faut se sentir bien dans sa « tête » !

Qui peut mieux harmoniser les deux sinon qu’un Psycho…motricien ! Nous sommes donc là pour faire le lien entre l’état psychique et le moteur. Les deux étant étroitement liés, nous le voyons régulièrement dans le comportement de nos résidents. Il est donc important de pouvoir être à l’écoute des moindres changements pour répondre au mieux et au plus juste à leurs attentes, qu’elles soient une présence, une écoute, un accompagnement personnalisé, une rééducation spécifique motrice, une reconnaissance.

Il est aussi indispensable de travailler en équipe, kiné, psychologue,infirmière, animatrice, aide soignant… nous sommes tous là pour que le résident ait la meilleure prise en charge possible et adaptée ses besoins.

BS : quelles inititatives et quels types d’ateliers avez-vous mis en place à Seren ?

Nous sommes des rééducateurs et thérapeutes, donc tous nos ateliers sont orientés vers une rééducation thérapeutique.c

  • Cognitives avec des ateliers de mémoire (ce sujet est sensible, la mémoire chez la personne âgée !). J’essaie par des ateliers dynamiques et ludiques de faire travailler la mémoire à long, moyen et court terme. Proposés tous les après-midis. Ainsi que des jeux de types « Quiz » sur la culture générale et accessibles à tous.
  • Moteurs avec des ateliers « gym », renforcement musculaire et étirements, travail sur le schéma corporel, latéralité, coordination, dissociation, amplitude articulaire, mémoire musculaire… ils permettent une amélioration de l’équilibre, de la perception spatiale, de la proprioception, prévention des chutes avec d’autres façons de ramasser les objets au sol… Proposés tous les matins à l’unité protégée (personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et troubles sévères de type démence) et 3 fois par semaine pour le reste de l’établissement .
  • Autonomie avec un accompagnement spécifique à la toilette afin de stimuler et de garder l’autonomie du résident. En fonction des demandes de l’équipe.
  • Relaxation qui permet la détente et la gestion du stress. Proposée en individuel 1x par semaine.
  • Estime de soi et créativité, ainsi qu’un travail sur les émotions. Bien sûr, cet atelier implique les notions de motricité fine, de discrimination visuelle, de latéralité… j’aime beaucoup cet atelier des « Artistes de la Seren », dont Gégory Berben (artiste peintre plasticien Cannois est le parrain). Ce petit groupe de résidentes que j’accompagne, guide, stimule, encourage,chacune grâce à une approche de différents supports (peinture, modelage, découpage, collage…). J’espère même faire un vernissage et présenter nos œuvres.
  • Atelier écriture, le dernier en date, bientôt marrainé par Martine Sonnefraud-Dobral (auteur fantastisque mandelocienne de « la légende d’Argacci ») je propose à quelques résidents de créer de petites nouvelles, avec toujours un personnage principal. Ainsi, nous travaillons la chronologie, la cohérence, la réminiscence de leur propre histoire, les repères espace-temps et la mémoire. Je suis la scribe et référente de la continuité de l’histoire.
  • Atelier ancrage temporel avec chaque jour, la lecture du journal et des échanges sur l’actualité.
  • Accompagnement thérapeutique au cours du repas, pour stimuler l’autonomie, l’appétit également et les échanges entre les résidents de la table qu’il est impossible de maintenir en cette période de COVID car je ne peux plus manger avec eux. 

BS : Quels liens avez-vous tissés avec les résidents ?

CS: Les liens que j’ai aujourd’hui, avec les résidents sont les mêmes que ceux que j’avais avant cette crise. Ils sont très forts comme vous pouvez l’imaginer ! J’aime mon métier et j’y trouve beaucoup de satisfaction et reconnaissance des résidents qui me le rendent tous les jours avec leurs sourires, rires, joie de vivre et envie d’être ensemble. Mon travail consiste à être dans l’empathie afin d’être au plus près de leurs besoins. 

BS : Quel message souhaitez-vous faire passer face à la crise sanitaire actuelle ?

CS : La crise sanitaire traversée par nos aînés est difficile à leur faire comprendre. Le confinement en chambre a été compliqué, mais nous avons usé de stratagèmes afin de leur faire passer le temps, de leur proposer des activités afin qu’ils ne perdent pas leurs capacités cognitives et motrices. Nous avons été tous solidaires, toute NOTRE EQUIPE de soignants, techniciens, cuisiniers…administratifs aussi présents, et c’est grâce à nos efforts que nous n’avons eu aucun cas dans l’établissement, résidents comme salariés.

Les médias ont beaucoup parlé de « l’isolement », « de la détresse des personnes » en Ehpad. Notre travail n’a pas changé pendant cette crise, nous faisons toujours tout notre possible et continuons encore tous les jours pour que la vie de nos aînés soit la plus agréable possible. Nous avons passé des périodes de grand stress, craignant une possible contamination, mais nous avons toujours maintenu, aujourd’hui encore, les gestes barrières malgré la proximité que notre travail exige. 

Voilà, j’avais prévenu que parler de mon métier risquait d’être un peu long. Je suis psychomotricienne diplômée depuis près de 28 ans et je ne changerais pas de profession, maître de stage et maître de mémoire d’élèves en psychomotricité, j’essaie de transmettre la passion de mon métier.

On ne devient pas psychomotricienne par hasard 😉

Christelle Solal

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Laurence

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