Malgré les progrès de la médecine et de la recherche scientifique, la maladie d’Alzheimer reste une priorité de santé publique. Tandis que les nouveaux traitements d’immunothérapie récemment commercialisés aux Etats-Unis ont montré des résultats prometteurs pour ralentir le déclin cognitif à un stade précoce de la maladie, le diagnostic précoce apparaît d’autant plus comme l’un des enjeux majeurs de la recherche Alzheimer. Un nouveau test sanguin révolutionne les méthodes de diagnostic en permettant une analyse simultanée de plus d’une centaine de biomarqueurs.
Quels sont les enjeux d’un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer ?
Alzheimer est une maladie neurodégénérative caractérisée par une dégénérescence des neurones, due au fonctionnement anormal de la protéine Tau et du peptide bêta-amyloïde dans le cerveau. La recherche a prouvé que la maladie d’Alzheimer est souvent présente de manière silencieuse, des années avant l’apparition des premiers symptômes. Or, c’est à ce stade précoce qu’une prise en charge adaptée permettrait d’obtenir les meilleurs résultats. Les avancées de la recherche concernant notamment les nouveaux traitements d’immunothérapie autorisés dernièrement aux Etats-Unis, le Leqembi et le Kisunla, ont mis en avant l’importance du diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer, puisque leur efficacité a surtout été démontré au stade débutant de la maladie. Le développement de nouveaux biomarqueurs sanguins occupe une place essentielle dans la recherche et la lutte contre la maladie d’Alzheimer.
Un test sanguin révolutionnaire pour un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer
Ce sont des chercheurs de l’Université de Pittsburgh qui ont mené cette étude publiée dans la revue scientifique Molecular Neurodegeneration. Ils expliquent l’importance de ne pas se concentrer uniquement sur les biomarqueurs habituels de la maladie d’Alzheimer, à savoir la protéine tau et le peptide bêta-amyloïde, mais d’élargir l’analyse afin d’inclure également dans les travaux de recherche d’autres marqueurs importants tels que la neuroinflammation, le dysfonctionnement vasculaire cérébral et la perturbation de la communication neuronale.
Les chercheurs ont donc établi un nouveau test nommé NULISAseq CNS Disease 120 Panel, qui permet d’analyser simultanément 120 biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer dans une vision holistique et globale permettant de cerner le large spectre de la maladie d’Alzheimer. C’est cet aspect pluriel de la maladie que mettait déjà en évidence le Dre Maï Panchal, Directrice Générale et Scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer, lors d’un récent entretien avec l’équipe rédactionnelle de Booking Seniors concernant la recherche et les traitements émergents de la maladie d’Alzheimer : “D’autres facteurs entrent également en jeu, comme la neuroinflammation, le métabolisme cellulaire, et les aspects vasculaires, génétiques et environnementaux. Ainsi, afin de stopper le déclin cognitif, il sera nécessaire de développer plusieurs traitements qui ciblent ces différents versants. On se tourne donc vers une approche de multithérapie.”
Les chercheurs de l’Université de Pittsburgh ont mené leur étude sur un échantillon de 113 participants âgés, à prédominance cognitive normale, résidant dans une région économiquement défavorisée du sud-ouest de la Pennsylvanie.
Les résultats ont été comparés aux biomarqueurs classiques de la maladie, la protéine Tau et le peptide bêta-amyloïde qui ont été mesurés indépendamment.
Les résultats ont montré une corrélation significative entre les biomarqueurs plasmatiques analysés grâce au test sanguin et les biomarqueurs classiques. Par ailleurs, la performance de ce nouveau panel a été rigoureusement comparée aux tests classiques et validée avec fiabilité.
Cette méthode d’analyse à large spectre de biomarqueurs sanguins de la maladie d’Alzheimer apporte de nouvelles perspectives de diagnostic précoce de la maladie. Au fur et à mesure que la recherche de nouveaux traitements contre le déclin cognitif progresse, cette découverte permettrait d’en améliorer l’efficacité grâce à une administration précoce aux sujets compatibles. Par ailleurs, une telle avancée pourrait permettre de suivre les patients asymptomatiques et d’établir des modèles prédictifs de progression de la maladie.
Les résultats de cette étude ouvrent la voie vers une nouvelle génération de méthodes efficaces, simples et non invasives de diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer, avant l’apparition des premiers symptômes. Couplées au repérage des premiers signes biologiques de la maladie d’Alzheimer grâce à l’intelligence artificielle et aux nouveaux traitements en cours de développement, elles pourraient révolutionner la prise en charge des personnes à risque et des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Sources : Futura / Molecular Neurodegeneration
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