Notre rapport à la nourriture est à la fois complexe et révélateur. Habitudes de vie, bagage génétique, contexte familial et paramètres psychologiques font que nous ne sommes pas tous égaux face à nos assiettes. Avant de nous lancer bouche fermée dans une série de régimes éprouvants, il est peut-être temps de comprendre ce qui se cache derrière le poids. Notre cerveau nous empêcherait-il de maigrir?
Il existe des limites morphologiques et psychologiques à une perte de poids
« Il est si mignon qu’on le mangerait », « J’te bouffe », « Elle est à croquer »… Les expressions imagées qui mêlent affection et nourriture envahissent notre langage quotidien, et pour cause. Le rapport que nous avons à l’alimentation est hautement symbolique et mêle notamment des traits de notre personnalité, des critères éducatifs et conventionnels propres à chaque famille ainsi que des paramètres génétiques et morphologiques. Du petit carreau de chocolat qui rassure après une journée difficile au pot de glace avalée parfois avec frénésie, la marge est grande. Chacun établit une relation particulière à la nourriture. Les valeurs sociales et familiales ont un grand impact sur notre rapport à la nourriture. Au sein de certaines familles où l’abondance est valorisée et où l’on termine son assiette pour faire plaisir à l’autre, on peut avoir tendance à ne pas écouter les limites réelles de son appétit. Par ailleurs, la nourriture remplit parfois un grand rôle affectif ou répond inconsciemment à certaines attentes. De nombreuses motivations autres que la faim peuvent nous pousser à manger.
Un régime universel ne peut donc pas convenir de la même manière à tout le monde et néglige souvent l’impact fondamental de notre cerveau sur la régulation de notre prise ou perte de poids. On comprend alors pourquoi certains régimes pourtant stricts ne parviennent pas à nous faire perdre du poids de manière stable et laissent souvent place au fameux effet yo-yo.
Ainsi, les méthodes ciblées pour perdre du poids ou rééquilibrer notre alimentation se basent davantage sur ces paramètres et considèrent la personne dans son ensemble pour l’aider à trouver une solution sur mesure.
Fini les régimes contraignants et l’effet yo yo !
Ce n’est une surprise pour personne : rares sont les régimes qui permettent de perdre du poids sans jamais le reprendre. Privations, frustrations, carences, déceptions et même problèmes de santé ont amené les professionnels à tirer la sonnette d’alarme concernant les régimes à répétition et à encourager les personnes désireuses de perdre du poids à se tourner vers d’autres solutions. Celles-ci prennent davantage en compte les habitudes alimentaires, le mode de vie et les difficultés de la personne. Elles proposent un véritable rééquilibrage alimentaire avec des idées de menus, un suivi au quotidien et des conseils personnalisés. Parfois, certains aliments sont mal tolérés par notre organisme et peuvent provoquer des troubles digestifs et une mauvaise élimination des toxines. Nous prenons alors du poids sans véritable raison. D’autres au contraire sont conseillés pour faciliter le transit, purifier l’organisme ou brûler les graisses. Par manque de connaissances ou pris dans notre routine, nous pouvons avoir tendance à consommer ce que l’on a sous la main sans vraiment faire attention à la valeur nutritive de chaque aliment. Pour perdre du poids, il suffit souvent de réapprendre à manger correctement, d’une façon saine mais surtout adaptée à notre organisme. Les quantités de chaque type d’aliments nécessaires à chaque repas varient d’une personne à l’autre en fonction du métabolisme, des dépenses quotidiennes en énergie, de l’âge et de nombreux autres paramètres qu’il est important de prendre en compte. La préménopause et la ménopause sont des périodes charnières chez la femme qui peuvent conduire à une prise de poids difficile à contrôler. Pour perdre du poids, il est nécessaire de tenir compte de ces différents facteurs.
Le cerveau, un acteur clé de régulation du poids
Le cerveau régule toutes les fonctions de l’organisme, de manière inconsciente dans 90% des cas. Digestion, respiration, gestion du stress, circulation sanguine, régulation du taux de glycémie et autres fonctions vitales sont orchestrées par ce grand maestro, indépendamment de notre volonté, grâce à des « programmes cérébraux » propres à chacun. Plusieurs études ont établi un lien direct entre notre inconscient et la régulation de notre poids. Bien que le poids soit déterminé par l’équilibre entre la nourriture consommée et l’énergie dépensée, la plupart des régimes ignorent que la faim et la consommation d’énergie sont contrôlées par le cerveau. C’est donc bien lui qui fixe notre poids idéal et non uniquement le contenu de notre assiette.
Sandra Aamodt, neurobiologiste et rédactrice scientifique américaine, rejoint cette idée dans son approche révolutionnaire du surpoids. Dans son ouvrage, “Pourquoi les régimes font grossir”, elle explique pourquoi nous ne sommes pas tous égaux face au poids. Certains brûlent davantage de calories que d’autres durant le même exercice physique et un certain menu fera davantage grossir une personne plutôt qu’une autre.
Tout comme le corps a besoin d’un certain nombre d’heures de sommeil, le cerveau dispose d’une fourchette de poids privilégiée basée sur des expériences de vie et des facteurs biologiques et génétiques. D’après la neurobiologiste, cette fourchette, spécifique à chacun, nous laisse une marge de manœuvre de 4 à 6 kilos sur laquelle nous pouvons agir. Une bonne hygiène de vie peut nous aider à rester dans la limite inférieure de cette fourchette, mais il est très difficile d’en sortir.
Le régime est considéré comme une menace par le cerveau
L’hypothalamus, situé dans le cerveau, analyse diverses informations comme le taux de sucre dans le sang, les réserves de lipides et d’autres apports nécessaires. Il régule l’appétit en fonction de ces données et indique au corps s’il doit prendre ou perdre du poids. Agissant comme thermostat, il s’adapte aux changements de situation pour maintenir le corps à ce qu’il considère comme un poids normal. Une perte de poids soudaine, même dans le cadre d’un régime souhaité et planifié, peut être perçue par le cerveau comme une mise en danger. Il régulera alors les différentes fonctions de l’organisme de manière à nous faire reprendre le poids perdu.
Ainsi, le poids cible fixé par le cerveau n’est pas forcément celui que nous jugeons idéal. Il peut correspondre à un surpoids, car notre organisme s’est habitué à fonctionner avec ce poids, et le cerveau recherche avant tout la stabilité.
On a ainsi remarqué par exemple qu’après un régime, l’organisme a tendance à emmagasiner davantage les calories sous les ordres du cerveau qui veille à la survie et à l’équilibre de notre organisme. Régulation des hormones, de l’appétit, de l’assimilation des sucres et des graisses, tout est géré par le cerveau selon les informations fournies par notre métabolisme. Les kilos perdus à force de régime et de privations sont donc vite retrouvés!
Comment faire pour perdre du poids?
Après de tels constats, il serait légitime de croire que l’on ne peut pas vraiment perdre de poids. S’il est vrai que notre marge de manoeuvre est hélas limitée et que la prédisposition morphologique joue un rôle essentiel, il est tout de même possible de perdre plusieurs kilos disgracieux, surtout s’il s’agit d’une prise de poids récente et que l’on avait tendance à être plutôt svelte. Il est recommandé de viser une alimentation saine et légère plutôt qu’une réelle perte de poids, souvent obsessive. Faire du sport tous les jours et réapprendre à écouter uniquement sa faim permettrait de perdre du poids en douceur, de manière stable et sans mettre en danger notre santé. Contrairement aux idées reçues, plus le poids fait l’objet d’une obsession et d’une volonté de contrôle chez une personne et plus elle aura tendance à développer certaines réactions soudaines de consommation frénétique ou à prendre du poids facilement. On a constaté chez des jeunes filles qui avaient fait un régime au début de l’adolescence alors qu’elles avaient un poids normal un risque accru d’être en surpoids cinq ans plus tard. Puisque c’est le cerveau qui gère notre poids de manière automatique, de véritables changements pourront être obtenus en agissant sur ces mécanismes inconscients. Il existe ainsi différentes approches qui visent avant tout l’action sur le cerveau et les mécanismes inconscients à l’origine de notre prise de poids. On peut par exemple suivre un programme détox pour assainir l’organisme et le libérer de ses excès de graisses, perdre du poids grâce à une alimentation saine ou diminuer naturellement le sucre en combattant directement les envies frénétiques de sucreries. Là encore, il ne s’agit pas de se priver et de lutter contre nos pulsations mais « d’éduquer » notre métabolisme à moins en réclamer. Grâce à ce travail sur l’esprit et les habitudes, tout en douceur, et par des méthodes d’apprentissage adaptées, on vit la perte de poids de manière harmonieuse et constructive au lieu de se trouver constamment dans la quête du plus, les objectifs à atteindre et les déceptions fréquentes.
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