Dans le langage de la gériatrie, on entend souvent parler de la prostate. Ce terme prend pourtant des significations différentes et l’on confond parfois l’organe avec les affections qui peuvent le concerner. La prostate est-elle vraiment inutile comme on pourrait le croire ? Selon le Dr Alain Bitton, chirurgien urologue et sexologue, la prostate assume plusieurs fonctions essentielles dans la vie de l’homme.
Qu’est-ce que la prostate ?
La prostate est une petite glande de l’appareil génital masculin. De la dimension d’une châtaigne chez l’homme jeune, son volume augmente naturellement avec l’âge. La prostate est située en avant du rectum, sous la vessie et est traversée par l’urètre, canal permettant d’évacuer l’urine et le sperme.
Si la prostate n’a aucune fonction hormonale, elle occupe pourtant une place prépondérante dans la vie de l’homme. Étymologiquement parlant, le mot prostate vient du grec « prostates » qui signifie « placé en avant » ou « être exposé ».
Le Dr Bitton attire notre attention sur l’importance du toucher rectal dans l’examen de la prostate : “En raison de sa localisation profonde dans le petit bassin, la prostate n’est pas vraiment accessible et son examen nécessite un toucher rectal, afin de pouvoir juger de sa consistance, de sa forme, ou de la présence d’irrégularités éventuelles. En effet, la prostate est facilement perceptible par le doigt lors d’un toucher rectal.”
Il précise en effet que même à l’ère des moyens techniques et diagnostiques de pointe, le toucher rectal reste un examen simple mais fondamental qui doit faire partie de l’examen général systématique. Il précise que près de 15% des cancers de la prostate, souvent les plus agressifs, présentent un PSA normal (ndlr : Prostate Specific Antigen, l’antigène spécifique de prostate.) Ce n’est qu’au toucher que l’on peut, parfois, percevoir une anomalie.
Quelles sont les fonctions principales de la prostate ?
La prostate occupe deux fonctions essentielles dans la vie de l’homme.
- Elle régule la cadence mictionnelle
- Elle produit une grande partie du liquide spermatique appelé liquide prostatique
Ainsi, loin d’être inutile, la prostate s’intègre dans la vie sexuelle et reproductrice de l’homme et joue un rôle indispensable dans la continence urinaire. En effet, le sphincter urinaire qui contrôle le passage de l’urine en se contractant ou en se relâchant est composé d’un ensemble de fibres musculaires regroupés autour de l’urètre, sous la prostate.
Quelles sont les maladies de la prostate ?
La dilatation bénigne de la glande connue sous le terme d’hyperplasie ou d’hypertrophie prostatique est une prolifération bénigne des cellules sous l’effet de l’âge qui se produit chez plus de 50% des hommes de plus de 50 ans. Au fur et à mesure que la prostate s’hypertrophie, elle comprime et rétrécit l’urètre jusqu’à empêcher – plus ou moins complètement – le débit urinaire. Les symptômes liés à une obstruction de l’urètre sont variables et se définissent comme obstructifs (faible pression urinaire, impression de mal vider la vessie, petites mictions fréquentes, gouttes retardataires…) et/ou irritatifs (besoins urgents ou impérieux, brûlures, nécessité de se lever la nuit). Après un interrogatoire minutieux et un examen clinique comprenant un toucher de la prostate, l’urologue pratique divers examens tels qu’une échographie abdominale et pelvienne, ainsi qu’une mesure du résidu après analyse qualitative et quantitative du débit urinaire. Ces examens sont importants pour déterminer le degré d’obstruction ainsi que les répercussions sur les organes de voisinage.
“La croyance populaire veut qu’avec l’âge les hommes présentent des difficultés à uriner et qu’ils aient « la prostate ». La moitié d’entre eux parlent de leurs symptômes urinaires car ils sont considérés comme une fatalité due à l’âge et au vieillissement”, explique le Dr Bitton. “Si les premiers changements histologiques de la prostate sont déjà perceptibles chez les hommes de 30 ans, ils ne se traduiront par des symptômes que vers l’âge de 50 ans chez un homme sur deux. A partir de la 8ème ou 9ème décade de vie, c’est l’ensemble des hommes qui est touché. Chez les patients âgés de 60 à 70 ans, les troubles mictionnels représentent 20 à 50 % des problèmes de santé et la chirurgie de la prostate est l’intervention la plus couramment pratiquée à partir de 65 ans, chez 1 homme sur 4. Il s’agit donc d’un véritable phénomène de société et de santé publique touchant l’homme à partir de la cinquantaine.”
Qu’est ce que la prostatite ?
Ce terme désigne les différentes formes d’inflammation de la prostate. La forme classique est la prostatite aiguë bactérienne, qui se manifeste avec un état fébrile et la baisse de l’état général, par des symptômes urinaires irritatifs et obstructifs. Les bactéries entraînant une infection aiguë de ce type sont les germes qui colonisent les intestins ou les voies urinaires. La forme la plus fréquemment retrouvée, surtout chez les hommes jeunes, est connue sous le terme générique et actuellement désuet de « prostatite chronique ». Aujourd’hui on parle de syndrome inflammatoire pelvien. Les symptômes principaux sont : douleurs au-dessus de la vessie avec pression et gêne à la miction, irradiation des douleurs au niveau des testicules, brûlures urétrales ou à l’extrémité de la verge, le périnée, le rectum, souvent associés à un syndrome fonctionnel du côlon ou des hémorroïdes.
“Rappelons que cette affection, qui se manifeste par des phases alternant poussées aiguës ou subaiguës sur un fond de douleur et de gêne chronique, n’a aucun caractère malin ou dangereux. Elle ne prédispose en rien la prostate au développement ultérieur d’un cancer”, précise le spécialiste.
Cancer de la prostate : facteurs de risque, diagnostic et traitements
Le cancer de la prostate est devenu depuis quelques années le premier cancer de l’homme après 50 ans. A l’heure actuelle, il n’y a pas de facteur de risque externe connu. Selon le Dr Bitton, les antécédents familiaux jouent certainement un rôle puisque le risque est multiplié par deux si un parent au premier degré (père, frère) en est atteint. “Le risque s’accroît également avec l’âge. La différence entre l’incidence du cancer de la prostate et le taux de mortalité indique que, dans bien des cas, la malignité du cancer est très faible, qu’il progresse lentement et que les patients meurent souvent avec cette maladie plutôt que de cette maladie”, précise-t-il.
Du fait que le cancer de la prostate peut rester longtemps silencieux ne provoquant aucun symptôme, il est actuellement recommandé d’effectuer un dépistage précoce afin d’augmenter les chances de survie. Ce dépistage comprend un examen par toucher rectal et une analyse sanguine du PSA chez tous les hommes à partir de 50 ans ou à partir de 45 ans en cas d’antécédents familiaux.
Quels sont les traitements contre le cancer de la prostate ?
En cas de suspicion de cancer, on recourt généralement à une biopsie de la prostate guidée sous échographie endorectale afin de faire analyser le tissu et de déterminer ainsi le type de cancer et son degré d’agressivité. Une fois le diagnostic posé, le choix du traitement dépend de plusieurs facteurs : âge du patient, qualité de vie, facteurs de risque ou antécédents opératoires, localisation du cancer à l’organe seul ou présence de métastases à distance.
Selon le Dr Bitton, une prise en charge personnalisée du patient est indispensable à un bon traitement du cancer de la prostate : “Il est impératif de réaliser que quel que soit le type de traitement choisi, ce dernier devra tenir compte des altérations fonctionnelles ainsi que des possibles effets secondaires après traitement : sexualité, perte de la puissance et du désir, troubles urinaires même transitoires.”
Ainsi, selon le Dr Bitton, il est fondamental de rectifier les préjugés et fausses croyances qui entourent la prostate et la prise en charge des maladies associées. L’accompagnement du professionnel doit tenir compte du vécu de chaque patient et des facteurs psychologiques, notamment concernant la sphère sexuelle. La prostate, loin d’être un organe inutile est une glande capitale puisqu’elle représente « le pouls » de la vitalité masculine en régulant la vie sexuelle et la fonction urinaire de l’homme. L’importance ainsi que les répercussions des atteintes prostatiques imposent une surveillance étroite et régulière surtout à partir de 50 ans.
Oui effectivement la prostate on ne sait jamais trop c’est quoi et à quoi ça sert dans notre corps jusqu’à ce que les trouble commencent. J’ai eu un cancer de la prostate et ma prostate a dû être enlevée au complet. La prostate est vraiment au cœur de notre système reproducteur et je pourrais ajouter qu’en plus de produire une partie du liquide spermatique, cette glande est le centre de l’éjaculation, tout les liquides sont mélangé au niveau de cette glande avant d’être expulsé. En ayant la prostate enlevée, je ne peux plus éjaculer de sperme.