Pour la quatrième année consécutive, la Semaine nationale de la dénutrition réunit, du 7 au 14 novembre, les actions de milliers d’acteurs publics, privés et associatifs autour de la sensibilisation à la dénutrition. Cette maladie silencieuse qui passe trop souvent inaperçue concerne 2 millions de personnes en France, dont 400 000 personnes âgées à domicile et 270 000 personnes âgées en Ehpad. Qu’est-ce que la dénutrition et comment la prévenir ?
Professionnels du secteur médico-social, sanitaire, de la restauration ou de l’hébergement, proches aidants, tous sont concernés par les dangers de la dénutrition et la nécessité d’une grande sensibilisation et tous se réunissent pour cette Semaine nationale de la dénutrition. Cette maladie sournoise, parfois mortelle, nous mobilise une nouvelle fois.
Qu’est-ce que la dénutrition ?
La dénutrition se caractérise par un déséquilibre de la balance énergétique avec un apport en nutriments insuffisants par rapport aux besoins nutritionnels de la personne. Cette maladie s’installe lentement et de manière sournoise, souvent sans que l’on n’y prête attention. La dénutrition est difficilement dépistée par les professionnels. Or, le manque de prise en charge adaptée et précoce fait considérablement diminuer les chances de guérison. A terme, les carences peuvent menacer sévèrement la santé de la personne en réduisant la masse musculaire et en affaiblissant notamment les défenses immunitaires de l’organisme.
Quelles sont les causes de la dénutrition ?
Afin de lutter contre les risques de dénutrition chez les personnes âgées, il est important de comprendre les situations à risque qui peuvent les conduire à se nourrir en quantité et/ou en qualité insuffisante. Plusieurs facteurs peuvent amener une personne et plus particulièrement une personne âgée à souffrir de dénutrition.
On retient parmi les facteurs les plus fréquents :
- L’isolement social et familial
- La maladie
- La prise de médicaments
- La précarité et les difficultés financières
- Les problèmes bucco-dentaires
- Un régime alimentaire inadapté
Une personne âgée isolée aura davantage de risques de souffrir de dénutrition. La solitude induit souvent une perte d’appétit et de motivation, une tendance à grignoter plutôt qu’à favoriser trois repas principaux dans la journée. Par ailleurs, les personnes âgées isolées n’ont pas toujours la possibilité d’avoir accès à des repas équilibrés et peuvent avoir tendance à se tourner vers des solutions faciles et rapides qui ne contiennent pas les éléments indispensables à l’organisme. Les difficultés financières créent également un obstacle à une alimentation variée et équilibrée.
En outre, il est fondamental de veiller à la santé d’une personne âgée au quotidien et à ne pas minimiser une affection même banale. La maladie entraîne souvent une perte d’appétit, un manque de force et d’entrain pour se nourrir. De la même manière, les problèmes bucco-dentaires peuvent empêcher la personne de se nourrir correctement à cause de douleurs ou parce qu’elle a du mal à mâcher.
Comment reconnaître les signes de dénutrition ?
Pour préserver la santé de nos proches âgés, il est important d’apprendre à reconnaître les signes de dénutrition dès leur apparition, afin d’avoir recours le plus tôt possible à une prise en charge adaptée.
Les premiers signes à surveiller sont :
- Une perte de poids importante. Il s’agit souvent de la manifestation la plus visible et la plus fréquente de dénutrition. On parle de perte de poids importante lorsqu’elle est supérieure ou égale à 5% du poids total de la personne, constatée en 1 mois ou de 10% constatée en 6 mois. Cela revient généralement à une variation d’environ 2 ou 3 kilos par rapport au poids habituel. Il est recommandé de se peser régulièrement.
- Un indice de masse corporelle insuffisant (IMC). Celui-ci mesure le rapport entre la taille et le poids de la personne. Un IMC normal se situe entre 18,5 et 24, 9. Pour une personne de plus de 70 ans, on estime que l’indice de masse corporelle est insuffisant s’il est inférieur ou égale à 21.
- Une peau sèche et/ou des oedèmes sur les jambes
Une peau sèche, très fine et qui a du mal à cicatriser peut également être un signe de dénutrition.
Par ailleurs, il convient d’être attentif de manière générale au comportement et au mode de vie de son proche âgé, plus particulièrement s’il vit seul chez lui. On pourra par exemple vérifier si le frigidaire est régulièrement approvisionné et si les aliments n’y restent pas périmés. Des vêtements habituels devenus trop larges sur la personne peuvent également nous alerter.
Quels sont les risques de la dénutrition ?
La dénutrition peut avoir des conséquences négatives et parfois graves sur la santé de la personne âgée. Elle crée notamment un affaiblissement global du corps et un risque plus élevé d’infection, notamment à cause d’un affaiblissement des défenses immunitaires. Les muscles qui ne reçoivent pas les nutriments indispensables ont tendance à s’affaisser et à s’affaiblir, ce qui peut entraîner un état général de faiblesse, des troubles de l’équilibre et des chutes. La fonction de cicatrisation peut également être altérée.
Cet état menace non seulement la santé de la personne mais peut également la mettre en danger et lui faire perdre progressivement son autonomie. Il est donc essentiel de réagir dès les premiers signes, avant que les conséquences ne se manifestent.
Comment prévenir la dénutrition ?
Selon la situation personnelle de chaque personne âgée, il est possible de trouver des solutions adaptées.
De manière générale, certains conseils sont fournis par les professionnels pour prévenir la dénutrition chez une personne âgée, qu’elle vive à la maison ou en Ehpad :
- Rendre les moments des repas plus agréables. De nombreuses initiatives en Ehpad visent à agrémenter le moment des repas. Les établissements, conscients de cette réalité, mettent l’accent sur la décoration et la luminosité de la salle à manger, la convivialité des espaces, la disposition des tables et la présentation des plats.
- Rehausser le goût des plats avec des épices et des aromates
- Faire appel au portage des repas à domicile. Les sociétés d’aide à domicile proposent généralement ce type de services. Mis à part la livraison de plats chauds réalisés sur la base de menus vérifiés par des diététiciens, l’employé est souvent chargé de vérifier si la personne prend bien ses repas et si elle n’a pas de difficultés à ouvrir, par exemple, les emballages.
- Enrichir l’alimentation avec des produits de base comme du beurre fondu, des pâtes, de la crème fraîche, du lait concentré entier. Il est également possible de prendre des compléments alimentaires sous différentes formes.
- Augmenter la fréquence des prises alimentaires. En Ehpad, par exemple, l’heure du goûter est un moment important, tant au niveau de l’alimentation que d’un point de vue social et récréatif.
- Remédier aux problèmes médicaux éventuels. Il peut s’agir de différents problèmes de santé susceptibles de couper l’appétit ou de soins dentaires et d’hygiène bucco-dentaire qu’il ne faut pas négliger.
Par ailleurs, les personnes atteintes de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson nécessitent une surveillance constante et une grande vigilance de la part des aidants ou des professionnels en établissement, afin de vérifier qu’elles n’oublient pas de manger et qu’elles s’alimentent correctement. Au fur et à mesure que les symptômes s’intensifient, il est nécessaire de trouver de nouvelles solutions pour aider la personne à s’alimenter tout en préservant le plus possible son autonomie. Pour ce faire, les Ehpad favorisent de plus en plus depuis plusieurs années le manger-main pour ces résidents, afin de leur permettre de se nourrir seuls de manière simple et ludique et de retrouver le goût de manger.
La sensibilisation sur le problème de la dénutrition des personnes âgées commence à porter ses fruits, même si le chemin est encore long. De plus en plus d’initiatives se développent, notamment pour rendre les repas attrayants en Ehpad et miser sur la présentation et le goût, autant que sur les valeurs nutritives.
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