La cinquième Semaine nationale de la dénutrition prévue dans le Programme national nutrition santé (PNNS 4) démarrera le 12 novembre prochain. Initié en septembre 2019 par Agnès Buzyn, l’ancienne ministre des solidarités et de la santé, ce programme a pour objectif principal la prévention de la dénutrition, une maladie silencieuse qui touche particulièrement les personnes âgées. Qu’est-ce que la dénutrition ? Quels sont les facteurs de risque et les conséquences pour les personnes âgées ?
Qu’est-ce que le Programme national nutrition santé ?
Le Programme national nutrition santé (PNNS) a été lancé en janvier 2001 avec pour objectif principal l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population. Cet objectif repose sur un pilier essentiel de la santé : la nutrition basée sur l’alimentation et l’activité physique.
Le quatrième Programme national nutrition santé (PNNS 4) a été initié en septembre 2019 par Agnès Buzyn. Prévu initialement pour la période de 2019 à 2023, il a été prolongé jusqu’à la fin de 2024, en attendant l’élaboration du cinquième PNNS.
Le PNNS 4 prévoit notamment l’organisation par le Collectif de lutte contre la dénutrition d’une Semaine nationale de la dénutrition qui, cette année, se déroulera du 12 au 19 novembre. Cet événement de Santé publique est piloté par le Ministère de la Santé et de la Prévention. Dans le cadre de l’organisation de cette Semaine nationale de la dénutrition, l’ARS lance des appels à projet : “La Semaine nationale de la dénutrition réunit des milliers d’acteurs publics, privés et associatifs des secteurs médico-social, sanitaire, de la restauration ou de l’hébergement, qui déploient une action pour sensibiliser le grand public, les professionnels ou les proches aidants autour du danger que représente cette maladie silencieuse atteignant plus de 2 millions de personnes en France.”
La Semaine nationale de la dénutrition est surtout là pour sensibiliser les citoyens et les professionnels de santé et du secteur médico-social, en mettant au grand jour les dangers de cette “maladie silencieuse”, rappeler les signes d’alerte et les gestes préventifs.
Comprendre la dénutrition chez les personnes âgées
Selon la Haute Autorité de santé (HAS), on estime à 2 millions le nombre de personnes touchées par la dénutrition, dont 270 000 sont des personnes âgées en EHPAD et 400 000 à domicile. Même si la dénutrition peut toucher toutes les catégories de population durant certaines périodes de maladie ou de fragilité, par exemple, elle concerne plus fréquemment les personnes âgées.
Qu’est-ce que la dénutrition ?
La dénutrition est une maladie silencieuse qui s’installe petit à petit, de manière sournoise, sans que l’on y prête attention. Elle est caractérisée par un apport insuffisant en nutriments, soit en quantité, soit en qualité, pour répondre aux besoins du corps, causant un déséquilibre de la balance énergétique. La dénutrition peut entraîner des carences en calories, en protéines, en vitamines et en minéraux, affectant ainsi la croissance, le fonctionnement du corps, et la santé globale de la personne.
Si une réduction passagère de l’alimentation pour des raisons diverses comme une maladie ou des difficultés à s’alimenter n’est pas considérée comme de la dénutrition, toute situation à risque nécessite d’être particulièrement surveillée pour ne pas entraîner un processus de dénutrition, d’autant que la dénutrition est difficilement dépistée par les professionnels. Or, le manque de prise en charge adaptée et précoce fait considérablement diminuer les chances de guérison. A terme, les carences peuvent menacer sévèrement la santé de la personne en réduisant la masse musculaire et en affaiblissant notamment les défenses immunitaires de l’organisme.
La gravité de la dénutrition est liée à l’importance de la fonte musculaire, difficilement mesurable, mais corrélée à la perte de poids totale.
Quels sont les facteurs de risque de la dénutrition chez les personnes âgées ?
La dénutrition peut avoir différentes causes dont certaines touchent toutes les catégories de population et d’autres sont plus spécifiques aux personnes âgées et aux affections fréquentes chez les seniors.
On remarque des risques accrus de dénutrition dans les situations suivantes :
- Une personne âgée isolée qui n’a plus la force de faire les courses et de cuisiner
- Certaines maladies chroniques qui peuvent faire baisser l’appétit et entraîner des carences
- Une personne atteinte d’Alzheimer qui oublie de s’alimenter. Selon les chiffres rapportés par le Collectif de lutte contre la dénutrition, 40% des malades d’Alzheimer sont touchés par la dénutrition.
- Lorsqu’il y a une prise régulière de médicaments qui ont un impact sur l’appétit et la digestion
- Si la personne vit en situation d’isolement social et seule, ce qui peut créer un manque d’entrain et une baisse de l’envie de se nourrir
- Lors d’affections bucco-dentaires, plus fréquentes chez les personnes âgées
- Lors de troubles de la déglutition qui surviennent par exemple à un stade avancé de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson.
- En cas de précarité financière
Il convient d’être particulièrement vigilant durant ces périodes à risque qui peuvent conduire à une dénutrition et rester attentif aux signes d’alerte.
Quelles sont les conséquences de la dénutrition chez les personnes âgées ?
La dénutrition peut avoir des conséquences graves sur la santé, particulièrement pour les personnes âgées et les personnes fragilisées. Elle peut entraîner une perte d’autonomie chez des personnes âgées pourtant valides. Selon les chiffres rapportés par le Collectif, 40% des personnes âgées sont hospitalisées pour des conséquences de dénutrition et 50 % des personnes âgées hospitalisées sont dénutries, une maladie qui touche donc particulièrement cette tranche de la population.
Les principales conséquences de la dénutrition sont les suivantes :
- Un système immunitaire affaibli et la survenue d’infections
- Un risque de chute accru
- La fonte de la masse musculaire
- Une altération des différentes fonctions physiologiques essentielles (musculaire, immunitaire, cicatrisation)
- Un ralentissement des capacités, cognitives, psychiques et relationnelles
- Le décès de la personne, lorsque la perte de masse protéique excède 50%
Les risques et les dangers de la dénutrition sont importants et peuvent avoir de graves conséquences sur la santé. Les personnes âgées sont particulièrement exposées. De nombreux EHPAD participent chaque année à la Semaine de la dénutrition en proposant des projets innovants d’activités culinaires et de sensibilisation aux dangers de la dénutrition. Au travers des diverses actions menées et de la Semaine nationale de la dénutrition, les propositions du Collectif tournent autour de plusieurs axes : prévenir, dépister et prendre en charge la dénutrition tout en mobilisant le plus largement.
Idées reçues et conseils pour prévenir la dénutrition
Les personnes âgées ne doivent pas attendre d’avoir faim pour manger
Il existe plusieurs idées reçues concernant la dénutrition qui sont fausses et peuvent contribuer à un manque de réaction adaptée et de prévoyance. On pense souvent que le rapport à l’alimentation d’une personne âgée ne diffère pas forcément du reste de la population. Pourtant, avec le vieillissement, on constate souvent plusieurs changements physiologiques et une perte d’appétit avec une digestion plus lente qui donne rapidement une impression de satiété durant les repas. Pour cette raison, afin de prévenir la dénutrition, il est recommandé aux seniors de prendre quatre repas par jour, sans attendre la sensation de faim.
Les personnes âgées ont autant besoin de manger que les autres
Il est également faux de penser que les personnes âgées ont besoin de moins manger et ont moins de besoins nutritionnels que les générations plus jeunes et une telle conception erronée peut nous empêcher de remarquer un comportement alimentaire anormal.
Il n’est pas normal de maigrir en vieillissant
Selon le Collectif, “46 % des Français pensent à tort qu’il est normal de maigrir en vieillissant”, ce qui est faux. Tout amaigrissement doit être contrôlé et signifie que les besoins énergétiques de la personne ne sont pas couverts et qu’elle ne mange pas assez ou que son alimentation n’est pas adaptée.
Source : Collectif de lutte contre la dénutrition / Semaine nationale de la dénutrition.
Ajouter un commentaire