Pour éviter les conséquences, parfois sévères, des chutes sur la santé et l’autonomie des personnes âgées, la prévention est au cœur des préoccupations et représente un axe majeur du plan anti-chute lancé par le gouvernement en 2022. C’est dans ce cadre que l’ARS Nouvelle-Aquitaine a lancé un vaste projet d’activité physique en EHPAD pour prévenir les chutes.
Il n’est pas étonnant que ce projet innovant provienne de la région la plus âgée de France. Avec le vieillissement de la population, la problématique des chutes chez les personnes âgées revêt un caractère d’autant plus urgent.
“Les chutes ont des conséquences physiques, psychologiques, sociales et réduisent la qualité de vie des individus. Elles constituent par ailleurs une rupture dans le parcours de vie des sujets âgés sur le plan de l’autonomie”, souligne Brigitte Bourguignon, ministre de la santé et de la prévention dans le gouvernement d’Elisabeth Borne, en présentation du plan national antichute de 2022.
Rappelons en effet, que les chutes représentent la première cause de mortalité accidentelle chez les personnes âgées, avec 10 000 décès et plus de 130 000 hospitalisations des personnes de 65 ans et plus.
Qu’est-ce que le plan antichute du gouvernement ?
Le plan antichute s’intègre dans la politique gouvernementale pour le « bien vieillir ». Il a été lancé en février 2022 par le ministère en charge des Solidarités. Il est coordonné par des professionnels de santé, des collectivités, et des associations et propose une série de solutions pour prévenir et réduire les chutes chez les personnes âgées. Le plan antichute vise notamment à sensibiliser, prévenir et accompagner les personnes à risque, former et informer les professionnels.
Le plan antichute du gouvernement s’articule autour de cinq axes :
- Savoir repérer les risques de chutes et alerter
- Aménager son logement et sortir en toute sécurité
- Mettre à la portée de tous des aides techniques à la mobilité
- Promouvoir l’activité physique, “meilleure arme antichute”
- Élargir l’accès à la téléassistance
L’activité physique adaptée, une stratégie clé du plan antichute
Parmi les moyens de prévention des chutes mis en avant par le plan antichute, l’activité physique adaptée occupe une place importante. Des exercices d’équilibre, de gymnastique douce ou de tai-chi, souvent encadrés par des kinésithérapeutes, font diminuer les risques de chute, redonnent confiance à la personne et la maintiennent en bonne condition physique.
La kinésithérapie en gériatrie occupe une place essentielle dans la prévention des chutes et surtout des risques de rechute chez les personnes âgées. En effet, comme le précise Eléonore Durand, kinésithérapeute, spécialisée en gériatrie et en maintien de l’autonomie chez les personnes âgées : “Physiquement, si la chute entraîne une fracture avec une diminution de la mobilité, une phase, par exemple, durant laquelle la personne n’a pas le droit de s’appuyer sur une jambe ou si elle a un bras en attelle, il existe un risque de réduire les activités de la vie quotidienne, les activités physiques et donc les stimulations musculaires, articulaires et de l’équilibre. La diminution de la stimulation du corps peut faire entrer les personnes les plus robustes dans un cercle de fragilité et créer une dépendance chez les plus fragiles. Le risque de rechute sera alors plus important.”
Pour elle, la prévention des chutes et des risques de rechute passe avant tout par une activité physique adaptée.
L’ARS Nouvelle-Aquitaine lance un projet de prévention des chutes en EHPAD
L’ARS Nouvelle-Aquitaine a choisi de prioriser cet axe du plan antichute en promouvant l’activité physique en EHPAD. Pour mettre en place cette vaste initiative, l’ARS Nouvelle-Aquitaine a lancé, en juin 2023, un appel à candidatures auprès des Ehpad de son territoire dans le but de “réduire de 20% les chutes mortelles et les séjours hospitaliers des personnes âgées de 65 ans et plus.”
Ce projet visait en particulier les personnes âgées de Gir 3 et Gir 4 en EHPAD, qui peuvent encore se déplacer et ont un risque modéré de chuter.
Au total, depuis le premier trimestre 2024, 200 EHPAD ont choisi de répondre à l’appel à projet de l’ARS Nouvelle-Aquitaine et de proposer à leurs résidents au minimum deux programmes antichute avec des exercices d’activité physique, chacun devant inclure 6 à 12 résidents maximum. Ce sont ainsi entre 2.000 et 4.000 résidents néo-aquitains qui auront pu participer à ce large programme de prévention des chutes.
28% de chutes en moins grâce à l’activité physique
Les EHPAD participant à ce vaste projet d’activité physique en EHPAD ont organisé pour leurs résidents un protocole de structuration de programmes d’exercices d’activité physique sous la forme de deux séances par semaine, d’une durée comprise entre 45 et 60 minutes, avec au moins un jour de repos entre chaque séance, pendant au moins six mois.
Selon Mathieu Vergnault, enseignant en activité physique adaptée (APA) et chargé de mission sports-santé au sein de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, les bienfaits de ces programmes d’activité physique en EHPAD ont un effet incontestable sur les risques de chute :”On a remarqué que la mise en place de ce type de protocole, de structuration de programmes d’exercices d’activité physique, entraîne une diminution des chutes d’environ 28%. Et ce, peu importe le type d’activité physique.”
Cette première expérimentation devrait donner suite à un élargissement du projet avec un nouvel appel à candidatures en avril pour un déploiement prévu entre 2025 et 2027.
Les résultats du projet de l’ARS Nouvelle-Aquitaine comme d’autres initiatives s’inscrivant dans le plan antichute du gouvernement confirment l’importance de maintenir une activité physique pour les personnes âgées de 65 ans et plus, qu’elles se trouvent à domicile ou en EHPAD. Moins que le type d’activités pratiquées, ce sont surtout le fait de bouger, de faire travailler les muscles et l’équilibre et de rester actif qui sont essentiels pour prévenir les chutes et préserver l’autonomie.
Gerontonews
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