Il y a un an, la réforme des retraites secouait déjà l’opinion publique et plus particulièrement la question de l’allongement de l’âge de départ à la retraite,repoussé de 62 ans à 64 ans. En quoi la dissolution de l’Assemblée nationale peut-elle influencer les retraites ? Que deviendra la réforme des retraites après les nouvelles élections législatives ?
La dissolution de l’Assemblée peut -elle influencer la réforme des retraites ?
“Il faudra faire un effort,” avait alors énoncé le président Emmanuel Macron en référence à l’objectif de réduire la dette de l’Etat par la réforme des retraites. A l’heure de la dissolution de l’Assemblée nationale, ce qui semblait être un acquis pourrait revenir sur la table des négociations en fonction des résultats des votes.Si le sort de la réforme des retraites soulève des interrogations c’est surtout parce que la dissolution de l’Assemblée nationale pourrait changer la donne d’un point de vue électoral. Des élections européennes marquées par la montée de l’extrême droite d’abord, puis la dissolution de l’Assemblée par le président nous laissent donc en suspens jusqu’au 30 juin et au 7 juillet prochains, dates des premier et deuxième tour des futures élections législatives.
L’âge légal à 62 ans et des conditions plus souples de retraite anticipée
Les candidats ont déjà, semble-t-il, une ligne de conduite assez claire concernant la réforme des retraites. Le Rassemblement national (RN), arrivé en tête des élections européennes le 9 juin dernier, avait déjà annoncé la couleur dans son programme à l’élection présidentielle de 2022. Marine Le Pen avait en effet précisé son intention de préserver coûte que coûte l’âge légal de la retraite à 62 ans. Cependant, ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans pourraient même partir à la retraite avec le taux plein plus tôt, dès 60 ans, à condition d’avoir cotisé au minimum 160 trimestres, soit 40 ans. Une telle souplesse apporterait des changements par rapport à la réforme des retraites de 2023. Celle-ci prévoit en effet une possibilité de retraite anticipée à 60 ans pour carrière longue, uniquement si l’on a commencé à travailler avant 18 ans et cotisé au moins 172 trimestres, pour les personnes nées après 1965. Par ailleurs, pour les personnes entrées dans la vie active à 21 ans, le Rassemblement national prévoyait également la possibilité d’un départ à la retraite dès 61,5 ans à taux plein avec un minimum de 163 trimestres cotisés, contre, avec la réforme, un départ à 63 ans, soit un an avant l’âge légal, et un minimum de 172 trimestres cotisés, pour les personnes nées à partir de 1965. Dans l’ensemble, d’après son programme électoral de 2022, le Rassemblement national propose des conditions de départ à la retraite plus avantageuses que celles qui existent depuis la réforme de 2023.
Le Rassemblement national n’est pas le seul parti à être favorable au maintien de l’âge de la retraite à 62 ans, ou du moins à avoir exprimé une telle volonté lors des présidentielles de 2022. Ce qui laisse supposer que ce serait toujours le cas aujourd’hui s’ils remportaient les élections. Anne Hidalgo, la candidate des socialistes, comme Yannick Jadot pour les Verts, avaient défendu le maintien de l’âge légal à 62 ans. Quant à La France Insoumise et aux Communistes, ils souhaitaient un avancement à 60 ans.
Des changements de la réforme des retraites peu probables après les élections
Malgré ces remises en question des acquis de la réforme des retraites de 2023, le passage à l’acte semble peu probable pour diverses raisons. Selon les propos de Philippe Blachèr, professeur agrégé de droit public et directeur du centre de droit constitutionnel de Lyon, recueillis par Capital, il existe deux contraintes principales à de tels changements par rapport à la réforme. La première est institutionnelle puisque tout changement de la loi et modification de la réforme des retraites devra forcément passer par une nouvelle loi. La deuxième est financière, au vu d’une situation économique déjà compliquée et du coût élevé que représenterait le retour de l’âge légal à 62 ans. Quelle que soit la majorité sortante, le statu quo concernant les retraites devrait être maintenu, malgré les nombreuses divergences à ce sujet. Pour en être sûr, seul l’avenir nous le dira.
Source : Capital
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