Sophie B.
Alors que de nouveaux traitements contre Alzheimer sont enfin autorisés sur le marché, les travaux de recherche continuent de se multiplier pour tenter d’identifier les causes de la maladie. Les résultats d’une étude ont montré la présence d’une bactérie responsable de la parodontite chronique dans le cerveau de patients atteints de la maladie d’Alzheimer décédés. Quelle est la relation entre les infections des gencives et les risques d’être atteint de la maladie d’Alzheimer?
Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?
Première cause de démence chez les personnes âgées, la maladie d’Alzheimer est une affection neurodégénérative qui affecte le cerveau et entraîne une détérioration progressive des fonctions cognitives. Cette maladie évolue lentement et touche principalement la mémoire, le raisonnement, le langage et les capacités d’orientation.
La maladie d’Alzheimer se caractérise par deux types de dysfonctionnements qui entraînent des lésions graves dans le cerveau : l’accumulation de plaques bêta-amyloïdes à l’extérieur des neurones qui perturbent la communication entre les cellules nerveuses et les enchevêtrements de protéines tau à l’intérieur des neurones, provoquant la dégénérescence et la mort des cellules cérébrales.
La destruction progressive des neurones provoque plusieurs types de symptômes. La mémoire est généralement affectée en premier lieu puisque ce sont les neurones situés dans la région de l’hippocampe, siège de la mémoire, qui sont atteints en premier. La dégénérescence s’étend progressivement à d’autres zones du cerveau, affectant gravement les capacités cognitives puis physiques de la personne et créant une perte d’autonomie progressive.
Les causes exactes de la maladie d’Alzheimer ne sont pas connues à ce jour, mais plusieurs facteurs de risque liés à l’environnement, au mode de vie, à l’état de santé et, dans une moindre mesure, à l’hérédité, sont impliqués dans le développement anormal des protéines Tau et bêta-amyloïdes.
Quels sont les facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer ?
La recherche a permis de mettre en évidence plusieurs facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer. On relève essentiellement les facteurs de risque suivants de la maladie d’Alzheimer, avec des incidences variables :
- Une mauvaise alimentation
- Le manque d’activité physique
- Le tabac
- L’hypertension artérielle
- Le diabète
- Une consommation excessive d’alcool
- Un niveau bas d’études ou d’utilisation des capacités cognitives
- Le manque de sociabilité
De plus en plus d’études montrent que le sommeil en quantité et en qualité insuffisantes peut aussi jouer un rôle dans les risques de développer la maladie d’Alzheimer.
Ces facteurs de risque ne signifient pas que les personnes avec de telles habitudes développeront forcément la maladie d’Alzheimer. Ils ne représentent pas non plus des causes directes de la maladie. Cependant, les risques d’être atteint un jour d’Alzheimer augmentent de manière particulièrement significative lorsque plusieurs de ces facteurs sont cumulés. Il est donc essentiel de surveiller notre mode de vie et d’adopter des habitudes saines pour limiter les risques.
Par ailleurs, si l’hérédité n’est pas à exclure en tant que facteur de risque de la maladie d’Alzheimer, son incidence serait à peine de l’ordre d’une personne sur cent qui serait porteuse d’un gène défectueux hérité des parents. De plus, le facteur héréditaire concerne davantage les formes d’Alzheimer précoce, à savoir avant 65 ans.
Qu’est-ce que la parodontite chronique ?
La parodontite chronique est une infection inflammatoire progressive des tissus de soutien des dents (gencives, ligament parodontal et os alvéolaire). Elle résulte généralement de l’accumulation de plaque dentaire et de tartre contenant des bactéries pathogènes. Si elle n’est pas traitée, elle peut entraîner un déchaussement des dents et, à terme, leur perte. Elle a également plusieurs conséquences avérées pour la santé causées par la propagation des germes de la bouche dans le reste de l’organisme.
Les causes principales de la parodontite chronique sont une mauvaise hygiène bucco-dentaire, l’accumulation de plaque dentaire et de tartre, le tabagisme et la présence de certaines bactéries dont la plus fréquente est Porphyromonas gingivalis.
Les symptômes d’une parodontite chronique sont principalement les saignements fréquents des gencives, surtout durant le brossage, une inflammation des gencives, une mauvaise haleine, une récession gingivale et une sensibilité accrue des dents.
Une hygiène bucco-dentaire irréprochable est particulièrement recommandée pour les personnes âgées et les professionnels de santé attirent l’attention des aidants et du personnel en Ehpad sur l’importance de l’hygiène bucco-dentaire dans les soins quotidiens. En effet, chez les personnes âgées, certains facteurs liés notamment à la santé physique, au mode de vie ou à l’âge peuvent favoriser les problèmes bucco-dentaires et il convient d’être particulièrement vigilant.
Corrélation entre infections des gencives et risques d’Alzheimer
Une étude parue dans la célèbre revue scientifique Science Advances a montré la présence de Porphyromonas gingivalis, une bactérie clé de la parodontite chronique, chez des patients décédés atteints de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont découvert que lorsque des souris étaient infectées par cette bactérie, celle-ci colonisait leur cerveau et déclenchait la production de bêta-amyloïde, l’une des deux protéines dont l’accumulation anormale est associée à la maladie d’Alzheimer. Ces résultats viennent étayer la thèse d’une origine infectieuse de la maladie d’Alzheimer et non uniquement neurodégénérative, mise en lumière par plusieurs études récentes.
Ainsi la parodontite chronique a été identifiée comme facteur de risque significatif de développement des plaques bêta-amyloïdes. On a pu constater un déclin cognitif plus élevé sur une période de six mois chez les patients Alzheimer atteints de parodontite chronique que chez ceux qui ne souffraient pas d’infection des gencives. L’étude a également révélé que des enzymes toxiques de la bactérie Porphyromonas gingivalis étaient présentes chez les personnes qui présentaient des changements cérébraux liés à la maladie d’Alzheimer mais qui n’avaient pas encore été diagnostiquées, ce qui confirme le fait que l’infection peut commencer des années avant l’apparition des symptômes.
On connaissait déjà l’importance de l’hygiène bucco-dentaire pour la santé des personnes âgées et certains risques accrus comme les infections, la dénutrition, le diabète et même les maladies cardio-vasculaires et l’AVC.
Ces découvertes mettent en lumière le rôle essentiel de l’hygiène bucco-dentaire pour la santé de notre cerveau. De plus, elles contribuent largement à la recherche contre Alzheimer et ouvrent la voie vers de nouveaux traitements luttant à la fois contre l’infection bactérienne et la production de bêta-amyloïde.
Source : Science Advances
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