La démence sénile représente un véritable enjeu de santé publique. Si certaines démences surviennent inexorablement à la suite de maladies neurodégénératives comme Alzheimer, certains facteurs de risque peuvent être évités. Selon une nouvelle étude danoise, une exposition prolongée à la pollution atmosphérique pourrait augmenter le risque de développer une démence sénile.
La démence sénile n’est pas une pathologie en soi mais un syndrome, c’est-à-dire un ensemble de signes cliniques caractérisés par une altération grave des fonctions cognitives, à savoir, des pertes de mémoire, des difficultés à se repérer dans le temps et l’espace, des troubles du comportement accompagnés parfois d’agressivité, d’hallucinations et d’épisodes paranoïaques. On distingue trois phases d’évolution de la démence sénile, durant lesquelles les symptômes s’accentuen et, avec eux, la perte d’autonomie. A terme, lorsque la perte des fonctions cognitives est importante et que la mémoire procédurale est également touchée, la personne ne peut plus effectuer seule les gestes du quotidien comme s’habiller, se laver ou manger. Son état général se dégrade et elle est davantage sujette à des infections qui peuvent entraîner le décès. Si la maladie d’Alzheimer évolue vers la démence, elle n’en n’est pas la seule cause possible.
Ainsi, la démence sénile cause une perte d’autonomie progressive et réduit l’espérance de vie des personnes touchées.
Démence sénile : causes et facteurs de risque
La démence sénile peut avoir plusieurs origines.Il est important de distinguer les causes des facteurs de risque de la démence sénile. Certaines maladies neurodégénératives comme Alzheimer et la maladie à corps de Lewy évoluent vers une démence au fur et à mesure que les neurones sont détruits et les facultés cognitives puis motrices sont atteintes. Les complications dues à un accident vasculaire cérébral (AVC) peuvent également provoquer une démence, même si ce n’est pas le cas tout de suite après l’accident.
Il existe également des facteurs de risque de la démence sénile, c’est-à-dire qu’ils augmentent la possibilité de développer une démence, avec une incidence plus ou moins élevée, sans pour autant que ce soit sûr ou irréversible.
Les facteurs de risque de la démence sénile sont notamment le tabagisme, l’alcoolisme, les antécédents familiaux, le diabète, les lésions cérébrales, une hausse de la pression artérielle, une forte hausse du taux de cholestérol dans le sang, une consommation abusive de médicaments, un déficit de vitamine B12 ou des troubles de la fonction thyroïdienne. Lorsque l’on décèle les premiers signes de démence suffisamment tôt et que l’on parvient à en supprimer l’origine, il est possible de la stopper. Par ailleurs, la prévention reste essentielle et une amélioration de l’hygiène de vie peut faire baisser considérablement les risques de développer un jour une démence sénile. Précisons également que si l’âge reste le premier facteur de risque de la démence sénile qui se produit rarement avant 65 ans, il ne s’agit pas d’un processus naturel de vieillissement et que tous les seniors ne développent pas forcément un jour une démence sénile.
La pollution atmosphérique, un nouveau facteur de risque de la démence sénile
A la liste des facteurs de risque de la démence sénile, on pourrait y ajouter, d’après une nouvelle étude danoise, une exposition répétée et prononcée à la pollution atmosphérique. En effet, lors de cette étude, les chercheurs ont suivi pendant 27 ans et jusqu’en 2020 un groupe de 25 233 infirmières qui avaient au moins 44 ans dans les années 1993. Ils ont tenté d’examiner l’association entre une exposition à long terme à la pollution de l’air et aux nuisances sonores de la circulation routière avec l’incidence de la démence au sein de la cohorte d’infirmières danoises. Les niveaux de pollution atmosphérique et de bruit du trafic routier ont été évalués au domicile des infirmières, tandis que les associations avec la démence ont été examinées à l’aide de modèles de régression de Cox, un modèle de prévision, permettant de prévoir la probabilité de survenue d’un événement.
Sur les 25 233 infirmières suivies, 1409 ont développé une démence. Les polluants atmosphériques mis en cause dans cette étude sont les particules fines, PM 10 et PM 2,5, le dioxyde d’azote (NO2) et le carbonne noir (BC), des particules produites par les pots d’échappement, le chauffage et les activités industrielles.
Les risques de démence dus à la pollution diminuent avec une activité physique modérée
Les chercheurs de l’étude danoise ont pu faire les constats suivants :
- L’exposition à long terme à la pollution atmosphérique était associée à un risque accru de démence chez les infirmières de la cohorte d’infirmières danoises.
- L’association entre la pollution atmosphérique et la démence était indépendante du bruit du trafic routier.
- L’association entre le bruit du trafic routier et la démence a diminué après ajustement à la pollution atmosphérique.
- L’activité physique a modéré les effets néfastes de la pollution atmosphérique sur la démence.
Ainsi, la corrélation entre la pollution atmosphérique et les risques de développer une démence a été clairement démontrée. Cependant, ces risques diminuent avec la pratique d’une activité physique modérée. En effet, les infirmières qui pratiquaient une activité physique quotidienne avaient moins de risques de développer une démence sénile. Comme pour bon nombre de pathologies, la pratique d’une activité physique régulière pour protéger notre santé est une fois encore mise en avant grâce à cette étude. En outre, les professionnels recommandent vivement de pratiquer chaque jour même 30 minutes d’activité modérée plutôt que de concentrer cette activité en une ou deux fois par semaine.
Source : Alzheimer’s Association
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