Si l’on connaît les effets du stress sur les processus inflammatoires et son implication dans de nombreuses maladies, les résultats d’une étude publiée le 11 mars dernier dans la célèbre revue Annals of Neurology montrent comment les événements stressants vécus dans l’enfance créent un terrain propice à la maladie d’Alzheimer.
De plus en plus d’études révèlent l’impact délétère du stress dans notre quotidien. Il est notamment responsable des processus inflammatoires, en particulier dans le cerveau, ce qui peut augmenter le risque de maladies. D’après ces résultats, le stress a également un impact sur les connexions neuronales et même sur le volume du cerveau. Une étude publiée récemment dans la revue Annals of Neurology vient confirmer cette corrélation tout en mettant particulièrement en évidence l’impact des événements stressants subis durant l’enfance et le risque de développer plus tard la maladie d’Alzheimer. Les auteurs de l’étude ont ainsi analysé l’association entre l’accumulation d’événements stressants au cours de l’existence avec les pathologies de la maladie d’Alzheimer, la neuroinflammation et le volume de matière grise chez des personnes ne souffrant d’aucune incapacité cognitive et présentant un risque accru de maladie d’Alzheimer.
Le stress chronique comme facteur de risque de la maladie d’Alzheimer
Si l’on ne peut pas établir de cause directe de la maladie d’Alzheimer, on en connaît plusieurs facteurs de risque liés à l’hérédité, à la physiologie, à l’environnement ou à certaines pathologies. D’autres études ont déjà permis d’inclure le stress chronique en tant que facteur de risque de la maladie d’Alzheimer.
Les travaux publiés récemment dans la revue Annals of Neurology ont été réalisés par des chercheurs du Barcelona Institute for Global Health. Ils ont effectué un large panel de tests auprès de 1,290 participants âgés de 48 à 77 ans. Aucun des bénévoles n’avait de déficiences cognitives ou de maladie psychiatrique avérée au moment de l’étude, mais tous avaient des antécédents familiaux de la maladie d’Alzheimer. (86% des participants avaient au moins un parent diagnostiqué avec la maladie d’Alzheimer.)
Les tests effectués regroupaient à la fois des entretiens cliniques et des questionnaires liés au mode de vie et à la santé, des tests cognitifs, des analyses de sang, des tests de génotypage, de ponction lombaire ainsi que des IRM. Ces tests avaient pour but de recueillir des informations concernant les événements stressants vécus par les participants depuis l’enfance et de tester différents biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer.
Les événements stressants sont associés à une plus grande quantité de protéine β-amyloïde dans le cerveau.
La maladie d’Alzheimer est la cause la plus fréquente de démence. Cette maladie neurodégénérative se manifeste par deux caractéristiques pathologiques qui causent une détérioration cognitive progressive : une accumulation de dépôts de protéine bêta-amyloïde et la présence d’enchevêtrements neurofibrillaires. On ne sait pas exactement selon quel mécanisme ces deux caractéristiques de la maladie entraînent la destruction des neurones.
Les résultats de l’étude publiée le 11 mars révèlent une corrélation entre les événements stressants de l’existence et une augmentation de la protéine bêta-amyloïde à partir de la quarantaine. Selon les auteurs, la quarantaine représente en effet une période charnière durant laquelle les dépôts de protéine commencent à s’accumuler dans le cerveau.
Le stress vécu dans l’enfance a davantage d’impact
Si l’étude du Barcelona Institute for Global Health a analysé les conséquences des événements stressants vécus durant toute la vie, l’impact sur les biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer serait plus important lorsque le stress est vécu dans l’enfance. En effet, chez les personnes ne souffrant d’aucun déficit cognitif mais qui présentent un risque accru de maladie d’Alzheimer, les résultats de cette étude suggèrent que le stress est associé à une augmentation des pathologies de la maladie d’Alzheimer, à une neuroinflammation et à une réduction du volume cérébral en fonction des antécédents de maladie psychiatrique, du sexe et du moment de l’exposition aux facteurs de stress.
En effet, chez les hommes, le stress est associé à des niveaux plus élevés de protéine β-amyloïde, tandis que chez les femmes, les expériences stressantes vécues au cours de l’existence sont plutôt associées à une diminution du volume du cerveau et à une perte de matière grise.
L’impact des événements stressants de l’existence sur le risque de développer la maladie d’Alzheimer est plus élevé chez les personnes ayant des antécédents psychiatriques.
Cependant, l’étude a montré que les événements stressants vécus pendant l’enfance sont associés à une augmentation de protéine β-amyloïde dans le cerveau et à des risques plus élevés de développer la maladie d’Alzheimer chez tous les participants à l’étude, indépendamment du sexe ou d’antécédents psychiatriques.
Les résultats de cette étude viennent confirmer les constats d’autres travaux de recherche concernant l’impact du stress sur les risques de développer la maladie d’Alzheimer. Tandis que les événements stressants vécus durant l’existence touchent davantage les hommes et les personnes avec des antécédents psychiatriques, le risque s’étend et augmente lorsqu’il s’agit d’événements stressants vécus durant l’enfance.
Sources : Annals of Neurology, 11 mars 2024
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