La maladie d’Alzheimer évolue plus ou moins rapidement d’un patient à l’autre. L’une des priorités des aidants est souvent de préserver l’autonomie de leur proche le plus longtemps possible. Il est ainsi souvent nécessaire de trouver la bonne mesure pour aider sans remplacer, pour encourager sans forcer, pour soutenir sans juger. Parmi les défis du quotidien figure l’alimentation. Comment aider son proche à se nourrir seul tant que c’est possible?
Comment préserver les capacités d’un malade Alzheimer ?
La préservation des habitudes et des capacités d’une personne atteinte d’Alzheimer apparaît comme un défi de tous les instants et chaque petite réussite est une grande victoire sur la maladie. Malgré les projets fulgurants de la recherche qui étudie et propose de plus en plus de molécules susceptibles de stopper la dégénérescence et un médicament contre Alzheimer déjà présent sur le marché américain, il n’existe pas encore de solution médicamenteuse efficace et sûre en France permettant de soigner la maladie.
Cependant, il est possible de mieux vivre avec la maladie d’Alzheimer et de retarder l’évolution des symptômes, par certains médicaments, mais également par des thérapies non médicamenteuses, de l’art-thérapie ou encore en aidant le malade à préserver ses acquis le plus longtemps possible pour retarder la dépendance. Ceci est vrai dans tous les domaines du quotidien et particulièrement pour l’alimentation.
Si votre proche ne se souvient plus comment enfiler un pantalon, on pourra le lui montrer sans forcément le faire à sa place. Il est éprouvant d’avoir à répéter sans cesse les mêmes choses et il est nécessaire de s’armer de beaucoup de patience, mais cela permet souvent de retarder le moment où la personne ne pourra plus effectuer ces gestes seule.
Comment aider son proche Alzheimer à se nourrir seul ?
Mis à part pour la préservation des capacités, plus on permet à une personne atteinte d’Alzheimer de réaliser elle-même les gestes du quotidien et moins elle se sent frustrée et dévalorisée. Il est recommandé, dans toutes les situations, de rechercher en priorité le moyen de lui permettre de les réaliser, même si ce n’est pas fait correctement, quitte à la guider et à l’aider un peu. Lors de l’évolution de la maladie, il arrive à un certain moment que la personne ait du mal à se servir de couverts pour manger. Au lieu de passer directement à une solution radicale en lui mettant la nourriture dans la bouche, on peut essayer par exemple le manger-main.
Quelques conseils peuvent également nous aider à inciter une personne atteinte d’Alzheimer à avoir envie de manger :
- veiller à une bonne ambiance au moment des repas pour qu’il s’agisse d’un moment de plaisir
- penser aux moments opportuns pour les repas, avec plusieurs prises dans la journée qui seront plus faciles à faire accepter qu’un grand repas.
- vérifier que rien ne gêne la personne, qu’elle est confortablement installée, qu’elle n’a pas besoin de se soulager
- contrôler la température des plats
Le manger-main pour redonner le plaisir de manger, préserver l’autonomie et les besoins nutritionnels de la personne âgée
Le manger-main, ou finger-food, est un concept de plus en plus répandu, notamment au sein des Ehpad. Il permet souvent de retrouver le plaisir de manger et, pour les personnes désorientées comme les malades d’Alzheimer, il offre l’opportunité de continuer à manger de manière autonome en utilisant les doigts. Le fait de ne plus savoir se servir d’une fourchette ne doit pas être une raison d’abandonner complètement l’idée de laisser la personne se nourrir elle-même. Ce serait bien dommage.
Le manger-main n’est pas simplement le fait de manger avec les doigts. Il s’agit d’un concept avec des recettes adaptées. Les aliments sont soigneusement préparés pour offrir cette possibilité de manière optimale et sans danger pour la personne âgée. En effet, la maladie peut également causer des difficultés pour mâcher et déglutir. Les plats sont présentés sous la forme de bouchées, de canapés ou de parts de tartes qui sont faciles à manger. Les aliments servis sous la forme du manger-main sont mixés et mêlés à un agent de texture qui leur donne la consistance nécessaire. Il peut s’agir par exemple de plantes et d’algues avec des propriétés gélifiantes. La lécithine, un émulsifiant connu qui permet de fixer la matière grasse et l’eau, peut également être utilisée pour préparer les aliments du manger-main. Il existe de nombreuses recettes gourmandes et variées de manger-main que l’on peut réaliser chez soi.
Le manger-main permet de servir aux personnes malades ou atteintes d’Alzheimer certains aliments qu’une alimentation classique ne permet plus à cause notamment de problèmes de déglutition et des risques de fausse route. Les aliments préparés dans ce but sont également très riches en valeurs nutritionnelles tout en se présentant sous la forme de petites portions, d’une ou deux bouchées faciles à ingurgiter.
Grâce au manger-main et à l’aspect attrayant des aliments, la personne retrouve le plaisir de manger et de porter les aliments à la bouche. Ce concept a également l’avantage de permettre de répondre aux besoins nutritionnels des personnes âgées et de lutter contre la dénutrition des personnes âgées, enjeu majeur de santé publique qui réunira aidants, professionnels, pouvoirs publics et établissements la semaine du 7 au 14 novembre prochain, pour la quatrième année consécutive.
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