Depuis les révélations du livre Les Fossoyeurs et l’émergence d’une prise de conscience d’un certain nombre de lacunes financières et structurelles, différentes mesures ont été adoptées pour lutter contre la maltraitance des personnes âgées en maintien à domicile et en maison de retraite, en garantissant notamment davantage de transparence et de contrôle. Parmi les mesures récentes, la possibilité pour chacun d’alerter plus facilement en cas de maltraitance d’un adulte vulnérable.
La ministre des solidarités et de la famille, Aurore Bergé, a confirmé, lors de la restitution des états généraux de la maltraitance le 2 octobre dernier, que la stratégie de lutte contre la maltraitance des adultes vulnérables serait présentée en novembre. Elle prévoit notamment la mise en place, dans chaque département, d’un point d’entrée unique, placé sous l’autorité de l’ARS, afin de permettre à quiconque d’alerter de manière facilitée sur la maltraitance d’un adulte vulnérable.
Les états généraux des maltraitances contre les adultes vulnérables avaient en effet été lancés le 6 mars par le précédent ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, Jean-Christophe Combe. Les adultes vulnérables sont les personnes handicapées, les personnes âgées ou en situation de précarité.
Quelles sont les pistes de la lutte contre la maltraitance des personnes âgées ?
Les états généraux de la maltraitance comportent plusieurs objectifs, éléments clés d’une lutte efficace contre la maltraitance des personnes âgées :
- Utiliser différents canaux pour mieux informer les personnes concernées et leurs proches concernant leurs droits et les recours possibles
- Aider les professionnels à mieux repérer, comprendre et intervenir lors de situations de maltraitance
- Rendre les recours plus accessibles
- Mieux mobiliser et articuler les instances chargées de répondre aux maltraitances sur les territoires
- Mieux accompagner les victimes.
- Inscrire les professionnels dans une dynamique de prévention et de pouvoir d’agir.
- Créer le socle d’un nouveau contrat social avec les personnes vulnérables.
Offrir de meilleures conditions aux professionnels pour lutter contre la crise du secteur
Par ailleurs, ces pistes de lutte contre la maltraitance devraient être complétées par des actions visant également à lutter contre une autre crise jumelée, à savoir, celle qui concerne les difficultés de recrutement dans le secteur, qu’il s’agisse des professionnels en établissement ou à domicile.
Ces actions jumelées devraient notamment passer par :
- Une meilleure reconnaissance des professionnels et de meilleures conditions salariales.
- Un ratio minimal d’encadrement pour permettre d’accroître le temps de présence et d’accompagnement.
- Le renforcement du soutien psychologique aux professionnels et aux personnes.
- La multiplication de temps de réflexion et d’échanges entre professionnels et personnes accompagnées.
- L’organisation de formations sur les maltraitances à destination des professionnels.
- Exiger la détention d’une carte pour l’exercice du métier d’auxiliaire de vie à domicile. Son obtention serait notamment soumise à la présentation d’un extrait du casier judiciaire et à un suivi de modules de formation, notamment sur la maltraitance.
Mobilisation nationale de la Fnadepa : les vieux méritent mieux
Par ailleurs, dans une même optique d’amélioration des conditions d’accompagnement des personnes âgées, la Fnadepa, la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées a lancé le 4 octobre dernier sa seconde mobilisation nationale, un an après la première, en réunissant en ligne près de 20.000 professionnels, personnes âgées, familles, élus et bénévoles sous le slogan “les vieux méritent mieux”.
Cette mobilisation a notamment pour objectif de réclamer des mesures à la fois urgentes et structurelles dans un “contexte financier préoccupant pour les Ehpad et les services à domicile”.
La Fnadepa a en effet révélé les constats de son enquête réalisée en septembre 2023 auprès de 1500 adhérents et près de 400 répondants, dont 79,9% dirigent un Ehpad, 12,7% une résidence autonomie et 6,7 un service à domicile.
Parmi ces constats, le fait que 78% des structures déclarent manquer de personnel et particulièrement d’aides-soignants, mais également d’infirmiers, d’aides médico-psychologiques, d’accompagnants éducatifs et sociaux, d’agents des services hospitaliers et de médecins coordonnateurs. Quant au secteur du personnel de restauration, il connaît une certaine hausse par rapport à 2022 en passant de 26% de manque à 16% en 2023.
Un autre constat important concerne surtout les services d’aide à domicile qui notent une dégradation prononcée par rapport à l’année dernière puisque “68,7% des services répondants disent ne pas honorer intégralement les plans d’aide des bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) en raison du manque de personnel”, alors qu’ils étaient 33% en 2022. Quant au déficit moyen des adhérents, il est estimé à 101.727 euros, par rapport à 143.000 en 2022.
Pour pallier ces lacunes, la Fnadepa a rappelé que ses 25 propositions faites en 2021 sont toujours d’actualité, tout en ciblant 8 mesures urgentes :
- Lancer un plan Marshall de recrutement avec la création de 100 000 postes sur 5 ans.
- Accélérer et garantir la continuité du versement des aides financières sur l’énergie.
- Indexer les tarifs et budgets des établissements et des services sur l’inflation.
- Revaloriser les jours de nuits, week-end et jours fériés des soignants.
- Financer les revalorisations salariales à la hauteur des engagements pris.
- mettre en œuvre une réforme structurelle de l’accompagnement du grand âge en transformant notamment le modèle économique des établissements et services.
- Poursuivre la rénovation et l’équipement des établissements.
- Adopter la proposition de loi bien-vieillir d’ici la fin de l’année.
Source : Gerontonews
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